Haití: el matrimonio forzoso franco-americano.
Haití: el matrimonio forzoso franco-americano. / Haïti: le mariage forcé franco-américain.
Tragandose sus críticas, Francia debió resignarse a cooperar con el masivo despliegue americano.
Después de las fricciones, las demostraciones de amistad. A los enojos suscitados del lado francés, por hacerse cargo los americanos de las operaciones de socorro, sucedió un ensamble, una unión sagrada justificada por la amplitud del desastre. Para hacer correr el mensaje, el embajador americano y el comandante del ejército norteamericano en Haití, el general Ken Keen, fueron el jueves a la embajada de Francia con ocasión de una conferencia de prensa común con el representante francés, Didier Le Bret.
Los periodistas americanos no se dignaron desplazarse, sólo sus homólogos haitianos y franceses estaban presentes: es a ellos a quienes iban dirigidos los discursos. Objetivo, desactivar las polémicas, particularmente el control del aeropuerto por los militares americanos. «Las cosas mejorarán», aseguró el general Keen. Los oficiales de ambos países luego se encontraron en Campo de Marte, un sitio en el centro de Port-au-Prince sobre el que acampan desde hace diez días unos 5.000 sobrevivientes del sismo. «Ambos hombres se hablan sin cesar por teléfono», señaló Didier Le Bret. Concretamente, la marcha conjunta de los representantes de París y de Washington coincidió con el lanzamiento de un plan de acción para ofrecer instalaciones sanitarias, agua, alimentos y 600 tiendas a los refugiados del Campo de Marte.
«En lo operacional, somos cómplices», afirma un observador francés. Las pruebas de esta buena cooperación no faltan. Así, en dos de los principales hospitales de Port-au-Prince todavía en pie, los cirujanos franceses y americanos trabajan en las mismas salas de operaciones. Y cuando se trata de evacuar una urgencia de un compatriota de uno u otro país, franceses y americanos se prestan de buena gana manos fuertes trasladando al herido hacia el helicóptero.
Europa ausente.
¿Quedó olvidado el aumento de la temperatura de la relación franco-americana, provocada hace una semana por Alain Joyandet y prontamente enfriada por el Eliseo? «No había segundas intenciones, explicamos en el entorno del secretario de Estado para la Cooperación, sólo la justa angustia de ver nuestro avión, con un hospital de campaña a bordo, en la imposibilidad de aterrizar mientras que los heridos cubrían las calles de Port-au-Prince». Alzar el tono fue "útil", considerando que «no hacía falta dejar de andar con los pies sobre la tierra». En cambio, el término "ocupación", empleado dos días más tarde por Alain Joyandet en la red Europa 1, era sin duda «una palabra desgraciada en la medida en que sonaba muy mal a los oídos americanos», concedió la misma fuente.
Críticos y arrebatos de mal humor con respecto a la jefatura han sido eliminados sobre todo por la desproporción abrumadora de los medios comprometidos. Del lado americano, 12.000 hombres sobre el terreno, pronto 15.000, 20 buques, 167 millones de dólares de ayuda, del lado francés, 500 socorristas, dos barcos especializados, tres aviones y varios helicópteros «debimos resignarnos al despliegue masivo del dispositivo americano», reconocen del lado francés. «Cómo habríamos podido ser allí de otro modo, habríamos sido incapaces de hacer la cuarta parte de lo que hacen los americanos» Pero en el fondo, «no hay entre nosotros ninguna rivalidad estratégica», afirma una fuente francesa que juzga que «excepto la cuestión migratoria, los Estados Unidos no tienen en Haití ninguna apuesta política, económica o petrolera».
Resta decir, no obstante, la apuesta de poder que oculta toda operación humanitaria. Estados Unidos no tiene dudas de que históricamente y geográficamente, Haití es un asunto americano.
Europa es objeto de críticas otra vez por su falta de reacción y de visibilidad. La crítica vino, por lo bajo, de Nicolás Sarkozy. que propuso el viernes, en el momento de los votos en el cuerpo diplomático, la creación de «una fuerza europea de seguridad civil». La ausencia de este instrumento de proyección humanitaria parece más criticable que los 420 millones de dólares de ayuda. La UE proporcionará tres veces más financiamiento que los Estados Unidos en Haití. Otra vez, Europa paga pero no consigue hacerse notar.
Fuente: Alain Barluet desde Haití para Le Figaro.
Traducción propia.
Haïti : le mariage forcé franco-américain.
Ravalant ses critiques, la France a dû se résigner à coopérer avec le très massif déploiement américain.
Après les frictions, les démonstrations d'amitiés. Aux énervements suscités, côté français, par la prise en main américaine des opérations de secours, a succédé l'affichage d'une union sacrée justifiée par l'ampleur du désastre. Pour faire passer le message, l'ambassadeur américain et le patron de l'US Army à Haïti, le général Ken Keen, se sont rendus jeudi à l'ambassade de France à l'occasion d'une conférence de presse commune avec le représentant français, Didier Le Bret.
Les journalistes américains n'ont pas daigné se déplacer, seuls leurs homologues haïtiens et français étaient présents: c'est à eux que s'adressaient les discours. Objectif, désamorcer les polémiques, notamment le contrôle l'aéroport par les militaires américains. «Les choses s'améliorent», a assuré le général Keen. Les officiels des deux pays se sont ensuite rendus sur le Champ-de-Mars, cette place au centre de Port-au-Prince sur laquelle campent depuis dix jours quelque 5 000 rescapés du séisme. «Les deux hommes se parlent sans cesse au téléphone», souligne-t-on dans l'entourage de Didier Le Bret. Concrètement, la démarche conjointe des représentants de Paris et de Washington a coïncidé avec le lancement d'un plan d'action pour offrir des installations sanitaires, de l'eau, de la nourriture et 600 tentes aux réfugiés du Champ-de-Mars.
«Dans l'opérationnel, nous sommes complices», affirme un observateur français. Les preuves de cette bonne coopération ne manquent pas. Ainsi, dans deux des principaux hôpitaux de Port-au-Prince encore debout, les chirurgiens français et américains opèrent dans les mêmes salles d'opération. Et quand il s'agit d'évacuer en urgence un ressortissant de l'un ou l'autre pays, Français et Américains se prêtent volontiers mains fortes en rapatriant le blessé par hélicoptère.
L'Europe absente.
Oubliée la montée en température, provoquée il y a une semaine par Alain Joyandet et promptement refroidie par l'Élysée ? «Il n'y avait pas d'arrière-pensées, explique-t-on dans l'entourage du secrétaire d'État à la Coopération, tout juste l'angoisse de voir notre avion, avec à son bord un hôpital de campagne, dans l'impossibilité d'atterrir alors que les blessés jonchaient les rues de Port-au-Prince». Hausser le ton a été «utile», note-t-on, en estimant qu'«il ne fallait pas se laisser marcher sur les pieds». En revanche, le terme d'«occupation», employé deux jours plus tard par Alain Joyandet sur Europe 1, était sans doute «un mot malheureux dans la mesure où il sonnait très mal aux oreilles américaines», concède-t-on de même source.
Critiques et mouvements d'humeur à l'égard du leadership ont surtout été balayés par l'écrasante disproportion des moyens engagés. Du côté américain, 12 000 hommes sur le terrain, bientôt 15 000, 20 navires, 167 millions de dollars d'aide, du côté français, 500 sauveteurs, deux bateaux spécialisés, trois avions et autant d'hélicoptères… «Nous avons dû nous résigner au déploiement massif du dispositif américain», relève-t-on côté français. «Comment aurait pu en être autrement, poursuit-on, nous aurions été incapables de faire le quart de ce que font les Américains.» Mais, sur le fond, «il n'y a entre nous aucune rivalité stratégique», affirme une source française qui juge qu'«hormis la question migratoire, les États-Unis n'ont à Haïti pas d'enjeux politiques, économiques, pétroliers».
Reste toutefois les enjeux de puissance que recèle toute opération humanitaire. S'il ne fait pas de doute qu'historiquement et géographiquement, Haïti est une affaire américaine, l'Europe a une nouvelle fois fait l'objet de critiques pour son manque de réactivité et de visibilité. La charge est venue, en creux, de Nicolas Sarkozy qui a proposé vendredi, lors des voeux au corps diplomatique, la création d'«une force européenne de sécurité civile». L'absence de cet instrument de projection humanitaire apparaît d'autant plus criante qu'avec 420 millions de dollars d'aide, l'UE fournira trois fois plus de financements que les États-Unis à Haïti. Une fois encore, l'Europe paie mais ne pèse pas.