La France propose le Siroco au Portugal
Le TCD Siroco © MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU
Le transport de chalands de débarquement Siroco a entamé son ultime mission aux couleurs de la flotte française. Le TCD a quitté Toulon fin janvier en compagnie de l’aviso Commandant Bouan afin de relever le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre, escorté par le Lieutenant de Vaisseau Lavallée, au sein de l’opération Corymbe. La passation entre les deux groupes doit se faire cette semaine.
Escale à Lisbonne la semaine dernière
Avant de rallier l’Afrique de l’ouest, où la France maintient des moyens maritimes en permanence depuis 1990 et a tendance à les renforcer en raison du contexte sécuritaire dans la zone, le Siroco a fait escale à Lisbonne la semaine dernière. L’occasion de recevoir à bord les plus hautes autorités militaires portugaises afin de leur présenter le TCD et ses capacités opérationnelles. Le Portugal est, en effet, l’un des pays auquel la France propose ce bâtiment, qu’elle va désarmer prématurément pour des questions budgétaires. Prévu pour être retiré du service à partir de l’été, le Siroco dispose encore d’un bon potentiel puisqu’il n’est opérationnel que depuis 16 ans.
Une plateforme polyvalente
Sistership de l’ex-Foudre, entrée en flotte en 1990 et qui a été vendue en 2011 au Chili, le Siroco a été admis au service actif en décembre 1998. Intégrant différentes améliorations par rapport à son aîné, le dernier TCD de la Marine nationale est un bâtiment très polyvalent. Il peut servir au transport et au débarquement de troupes et de matériel, aux opérations aéromobiles, au déploiement de forces spéciales et aux missions humanitaires. Ses capacités de commandement, très développées, comptent des locaux pour un état-major et d’importants moyens de communication, lui permettant de servir de navire amiral à une opération interarmées et interalliés.
Long de 168 mètres pour une largeur de 23.5 mètres et un déplacement de 12.000 tonnes en charge, le Siroco, armé par un équipage d’un peu plus de 200 marins, peut atteindre la vitesse de 21 nœuds et dispose d’une autonomie très importante, soit 11.000 milles à 15 nœuds.
Le Siroco (© MARINE NATIONALE)
Des capacités très importantes
Capable d’accueillir 470 hommes de troupe, dont une trentaine d’officiers, le bâtiment dispose d’un pont de 1000 m² pour le stockage de fret et de véhicules, y compris des chars lourds. Cet espace communique via un ascenseur d’une capacité de 50 tonnes avec le radier, long de 122 mètres et large de 14.2 mètres. De quoi abriter jusqu’à huit chalands de débarquement de type CTM. Le Siroco compte, en outre, un hangar pour quatre hélicoptères et une grande plateforme pouvant accueillir simultanément deux machines, un pont mobile permettant de mettre en œuvre un troisième appareil et, ainsi, de renforcer une noria vers la terre.
Le Siroco et un CTM (© MARINE NATIONALE)
Le radier du Siroco rempli de camions (© MARINE NATIONALE)
Transbordement sur un CTM (© MARINE NATIONALE)
Par ailleurs, le Siroco est équipé d’importantes installations médicales, avec deux blocs opératoires, deux salles de traitement pour les grands brûlés et 55 lits d’hospitalisation. Des infrastructures qui peuvent être le cas échéant augmentées et sont conçues pour assurer le soutien santé d’une opération amphibie ou d’une mission humanitaire.
L'hôpital embarqué du Siroco (© MARINE NATIONALE)
Enfin, en matière d’armement, le TCD de la Marine nationale dispose de solides moyens d’autodéfense, avec deux systèmes surface-air à très courte portée Simbad (missiles Mistral), deux canons de 30mm et des mitrailleuses, auxquels s’ajoutent des brouilleurs ou encore un bruiteur remorqué.
Plusieurs hypothèses pour la vente
C’est donc un bâtiment très intéressant et encore relativement jeune dont la France va se séparer. Plusieurs candidats potentiels à la reprise ont été évoqués depuis deux ans, suite à la parution du dernier Livre Blanc sur la Défense, qui a limité la flotte de projection française à trois unités au lieu de quatre (les Mistral, Tonnerre et Dixmude, la construction à terme d’un quatrième BPC étant abandonnée). Le Chili est apparu immédiatement comme une piste naturelle, puisqu’ayant déjà repris la Foudre, que la marine chilienne exploite depuis plus de trois ans sous le nom de Sargento Aldea. D’autres pistes ont été évoquées, comme l’Inde, qui cherche à renouveler sa flotte amphibie. Il semble néanmoins, dans ce cas, que la France cherche plutôt à vendre à New Delhi des BPC. Et il y a donc le Portugal, qui a reconnu la semaine dernière être en train d’étudier l’achat du Siroco, qu’il faudra aussi pourvoir en chalands.
Chaland de type CTM (© MARINE NATIONALE)
Un coût évalué à 80 millions d’euros par les Portugais
Selon le ministre portugais de la Défense, José Pedro Aguiar-Branco, le gouvernement évalue actuellement cette opportunité. Selon lui, l’acquisition du TCD s’élèverait à environ 80 millions d’euros, contre 400 millions pour la réalisation d’un bâtiment neuf. Une aubaine pour la marine portugaise, qui souhaite depuis longtemps se doter d’une capacité de projection et s’était notamment intéressée, un temps, au BPC français. Une option qui n’avait pas pu voir le jour en raison des difficultés économiques du pays et des coupes sombres dans son budget de la Défense. Alors que les marges de manœuvre financières de Lisbonne demeurent très réduites, la reprise du Siroco constitue une solution à moindre coût. Toutefois, selon le ministre portugais, même si un achat d’occasion représente un investissement plus de quatre fois inférieur à une construction neuve, les contraintes budgétaires imposeraient, si cette décision est prise, de réunir les fonds en puisant de l’argent dans d’autres programmes.
Le Siroco (© MARINE NATIONALE)
Y siguen ofreciendo el buque a medio mundo excepto al futuro dueño.