Enviado especial a los campos de refugiados palestinos en Cisjordania.
En Qalandia, los jóvenes palestinos sueñan con la Intifada. / A Qalandia, les jeunes Palestiniens rêvent d'Intifada.
El tráfico volvió a ser fluido sobre la ruta que lleva hasta el paso de Qalandia, controlado por los israelíes, tamiz de entrada hacia Jerusalén para los habitantes del norte de Cisjordania. Los cubos de basura, piedras y neumáticos calcinados que cubrían el asfalto y que son los estigmas de una semana de confrontación con los soldados israelíes, han sido desmontados.
Ahmed, un estudiante de 27 años, observa el desfile de coches en la entrada del campo de refugiados vecino, el laberinto de callejones polvorientos, que sirvió de base de repliegue para los lanzadores de piedras. "Para nosotros, es rutina, es nuestra vida", dice, además que los enfrentamientos provocaron sólo unas decenas de heridos leves, pero alborotaron a todos lo que están a la espera del disparo que provoque la tercera Intifada". Si la Autoridad Palestina no actuaba, los golpes se habrían extendido, asegura el muchacho. Pero en lugar de acompañar nuestros sueños de liberación, este régimen los reprime. Él nos obliga a reducir nuestras aspiraciones a las cuestiones vitales: comer, vestirnos".
Activada por el anuncio de un nuevo proyecto de colonización en Jerusalén Este, la violencia sobre la ruta de Qalandia como en el resto de Cisjordania encontraron el punto cúlmine a mediados de marzo, durante la inauguración de una sinagoga en la ciudad vieja de Jerusalén. Un acontecimiento vivido como una provocación por los palestinos, persuadidos de que fanáticos judíos conspiran contra la mezquita Al-Aqsa, el tercer lugar santo del Islam.
En la preocupación de preservar la estabilidad que hace la admiración de los países donantes y de no ofrecer a Israel una distracción las presiones de la comunidad internacional, la Autoridad Palestina ordenó a sus tropas de mantener la calma. Un cordón policial discreto fue erigido en derredor del campo de refugiados, que decenas de shebabs (jóvenes), con rabia contenida, se apresuraron a rodear. A pesar de las llamadas de Hamas a un levantamiento generalizado, los enfrentamientos sobre el camino de Qalandia se marchitaron al cabo de cuatro o cinco días.
"Había un perfume de Intifada en el aire, dice Yacoub Asaf, el jefe local del Fatah, el partido del presidente Mahmoud Abbas. Pero el movimiento amainó rápidamente porque la gente está desamparada. Ellos no comprenden el juego de la Autoridad Palestina, quién por un lado se niega a negociar y por el otro impide las manifestaciones. No hay consignas, ninguna estrategia clara. "Durante la segunda Intifada, que comenzó en el 2000, Qalandia enterró veinticinco shuhada (mártires). Una centena de habitantes todavía está encarcelada. Un tributo modesto comparado con el pagado por el campo de Balata, cerca de Naplusa, capital de la resistencia armada que fue sacudida por incursiones y bombardeos israelíes.
Los once mil refugiados de Qalandia, en cambio, padecieron la asfixia de Cisjordania. "Antes de la Intifada, el puesto de control israelí estaba a dos kilómetros de nuestra casa, cuenta Asaf. Luego el ejército israelí lo adelantó bajo nuestras ventanas. Israel construyó un muro y el mirador de hormigón. Si lanzamos la tercera Intifada, es capaz de rodear cada una de nuestras casas con una alambrada. Entonces, cuando se sintió que los jóvenes se habían liberado, los calmamos".
Signo del desconcierto, de la impotencia y del déficit de movilización, el fin de la revuelta también ha sido silbado por los usuarios de la carretera. "Ellos nos dijeron que las piedras provocaban más dolor a sus coches que a los jeeps blindados del ejército, dijo afligido Jamal Abou Leïl, un habitante del campo. Sin mejor organización, este movimiento no irá a ninguna parte".
"La gente continúa viviendo".
Un manto de aburrimiento y de miseria recayó hoy sobre Qalandia. Los diez minutos de coche que separan el campo de refugiados de los cafés conectados de Ramallah se parecen a un año luz. Aquí, el dinamismo del primer ministro, Salam Fayyad, mimado por la comunidad internacional y por el 7 % de crecimiento registrado en 2009 no impresionan a nadie. "Los asuntos nunca fueron tan malos desde el principio de la Intifada en el 2000, dijo Farès, que vende materiales de construcción. La gente va viviendo gracias a los programas de urgencia de las Naciones Unidas o gracias a los flacos salarios de funcionario. Ellos no pueden ir a trabajar más a Israel".
Los debates que agitan la sociedad civil de Ramallah sobre la importancia de la resistencia no violenta tampoco parecen tener eco. "Para vencer a nuestro enemigo, todos los medios son buenos, está escrito en el Corán, profesa Youssef, que acaba cumplir una pena de cinco años de prisión por un intento de atentado en Jerusalén. Habrá tercer Intifada, un día u otro. No es Hamas quien lo decidirá. No es la Autoridad Palestina quien nos lo impedirá. Es el pueblo, como cada vez, quien tomará la iniciativa. Y los partidos estarán forzados a seguirnos".
Fuente: Benjamín Barthe desde Qalandia (Cisjordania) enviado especial Le Monde.
Traducción propia.
A Qalandia, les jeunes Palestiniens rêvent d'Intifada.
Le trafic est redevenu fluide sur la route qui mène au point de passage de Qalandia, contrôlé par les Israéliens, sas d'entrée vers Jérusalem pour les habitants du nord de la Cisjordanie. Les bacs à ordures, les pierres et les pneus calcinés qui jonchaient le bitume, stigmates d'une semaine de confrontation avec les soldats israéliens, ont été déblayés.
Ahmed, un étudiant de 27 ans, observe le défilé des voitures de l'entrée du camp de réfugiés voisin, un dédale de ruelles poussiéreuses, qui servit de base de repli aux lanceurs de pierres. "Pour nous, c'est la routine, c'est notre vie", dit-il de ces affrontements qui ne firent que quelques dizaines de blessés légers, mais ameutèrent tous ceux à l'affût du déclenchement d'une troisième Intifada. "Si l'Autorité palestinienne nous avait laissés faire, les heurts se seraient étendus, assure le jeune homme. Mais au lieu de porter nos rêves de libération, ce régime les réprime. Il nous oblige à réduire nos aspirations au minimum vital : manger, nous vêtir."
Déclenchées par l'annonce d'un nouveau projet de colonisation à Jérusalem-Est, les violences sur la route de Qalandia comme dans le reste de la Cisjordanie culminèrent à la mi-mars, lors de l'inauguration d'une synagogue dans la vieille ville de Jérusalem. Un événement vécu comme une provocation par les Palestiniens, persuadés que des fanatiques juifs conspirent contre la mosquée Al-Aksa, le troisième lieu saint de l'islam.
Dans le souci de préserver la stabilité qui fait l'admiration des pays donateurs et de ne pas offrir à Israël un dérivatif aux pressions de la communauté internationale, l'Autorité palestinienne a ordonné à ses troupes de maintenir le calme. Un discret barrage de police fut érigé en surplomb du camp de réfugiés, que des dizaines de shebabs (jeunes), la rage au ventre, s'empressèrent de contourner. En dépit des appels du Hamas à un soulèvement généralisé, les affrontements sur la route de Qalandia s'étiolèrent au bout de quatre ou cinq jours.
"Il y avait un parfum d'Intifada dans l'air, dit Yacoub Asaf, le patron local du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas. Mais le mouvement a vite capoté parce que les gens sont désemparés. Ils ne comprennent pas le jeu de l'Autorité qui, d'un côté, refuse de négocier et, de l'autre, empêche les manifestations. Il n'y a pas de consignes, pas de stratégie claire." Durant la seconde Intifada, commencée en 2000, Qalandia a enterré vingt-cinq shuhada (martyrs). Une centaine d'habitants sont encore en prison. Un tribut modeste comparé à celui payé par le camp de Balata, près de Naplouse, capitale de la résistance armée qui fut saoulée d'incursions et de bombardements israéliens.
Les onze mille réfugiés de Qalandia, en revanche, ont pâti les premiers de l'asphyxie de la Cisjordanie. "Avant l'Intifada, le check-point était à deux kilomètres de chez nous, raconte M. Asaf. Puis l'armée israélienne l'a avancé sous nos fenêtres. Elle a construit le mur et un mirador en béton. Si nous lançons une troisième Intifada, elle est capable d'encercler chacune de nos maisons par un grillage. Alors, quand on a senti que les jeunes s'étaient défoulés, nous les avons calmés."
Signe du désarroi, de l'impuissance et du déficit de mobilisation ambiants, la fin de la partie a également été sifflée par les usagers de la route. "Ils nous ont dit que les pierres faisaient plus de mal à leurs voitures qu'aux jeeps blindées de l'armée, dit, navré, Jamal Abou Leïl, l'un des cadres du camp. Sans une meilleure organisation, ce mouvement n'ira nulle part."
"Les gens vivotent".
Une chape d'ennui et de misère est aujourd'hui retombée sur Qalandia. Les dix minutes de voiture qui séparent le camp des cafés branchés de Ramallah ressemblent à une année-lumière. Ici, le dynamisme du premier ministre, Salam Fayyad, choyé par la communauté internationale et les 7 % de croissance enregistrés en 2009 n'impressionnent personne. "Les affaires n'ont jamais été aussi mauvaises depuis le début de l'Intifada, en 2000, dit Farès, qui vend des matériaux de construction. Les gens vivotent grâce aux programmes d'urgence des Nations unies ou grâce à leurs maigres salaires de fonctionnaire. Ils ne peuvent plus aller travailler en Israël."
Les débats qui agitent la société civile de Ramallah sur l'importance de la résistance non violente ne semblent pas non plus avoir d'écho. "Pour vaincre notre ennemi, tous les moyens sont bons, c'est écrit dans le Coran, professe Youssef, qui vient d'achever une peine de cinq ans de prison pour un projet d'attentat à Jérusalem. Il y aura une troisième Intifada, un jour ou l'autre. Ce n'est pas le Hamas qui décidera. Ce n'est pas l'Autorité qui nous en empêchera. C'est le peuple, comme à chaque fois, qui prendra l'initiative. Et les partis seront forcés de suivre."
Benjamin Barthe sur Qalandia (Cisjordanie) Envoyé spécial Le Monde.