Primero se sumaron los helicópteros, ahora la provisión de armas a los rebeldes.
Francia lanza armas con paracaídas a los rebeldes libios.
Bloqueados desde hace meses en Misrata y sobre el frente Este, en Brega, perseguidos por las fuerzas de Kadhafi en la ruta costera que lleva hacia Túnez, al Oeste, los rebeldes libios en cambio progresaron estas últimas semanas en el sur de Trípoli, en las montañas del Djebel Nefousa. Ellos se lo deben a una acción de Francia mantenida en secreto hasta hoy: el lanzamiento de armas en paracaídas, «una importante cantidad» a las tribus beréberes de esta región sumadas a la guerra contra el régimen. Según París, este frente Sur constituye a partir de hoy, una de las mejores esperanzas de la coalición occidental para «conjugar» con los movimientos todavía dormidos de la oposición en la capital y provocar un levantamiento de Trípoli contra el clan del dictador.
Constatando, a comienzos de mayo, el riesgo de un callejón sin salida militar, Francia decidió proceder directamente al lanzamiento de armas en paracaídas en Djebel Nefousa: lanzacohetes, fusiles de asalto, ametralladoras y sobre todo misiles antitanques Milan. Hasta ahí, las armas enviadas a los rebeldes provenían de Qatar y de otros emiratos del Golfo. Fueron escoltadas por avión en Bengazi, asiento del Consejo nacional de transición (CNT) en el Este, luego por barco hasta el puerto de Misrata, ciudad costera rodeada por las fuerzas leales al régimen. Si el ejército francés decidió implicarse sin intermediarios, y sin cooperación de sus aliados, incluso sin los británicos, en la provisión de armamento a los rebeldes en el Sur, es «porque no había ningún otro modo de proceder», confía una alta fuente. Particularmente, los franceses están equipados con un sistema único de lanzamiento: amarrado a un pequeño paracaídas, el cargamento cae exactamente en el lugar elegido; a 200 metros del suelo, un paracaídas más grande se despliega para amortiguar el aterrizaje.
Dos aeródromos alternativos.
Gracias a estos refuerzos en armamento, los rebeldes llegaron a tranquilizar una vasta zona que va desde la frontera tunecina hasta los accesos de Gharian, cerrojo estratégico a unos sesenta kilómetros al sur de Trípoli. Le Figaro pudo consultar una carta rotulada «DGSE Confidencial», que muestra las localidades de Nalout, Tiji, al-Jawsh, Shakshuk y Yafran como algunas de las conquistas que pasaron a manos de las fuerzas sublevadas. En este territorio, los beréberes pudieron disponer de dos pistas de aterrizaje alternativas, permitiendo a pequeños aparatos venidos desde el Golfo arábigo aterrizar para entregar las armas francesas.
Hasta aquí, los rebeldes de la frente Sur progresaron principalmente de Oeste a Este, sobre una línea de crestas que les dan ventajas en el terreno. El momento decisivo se acerca, cuando deberán descender a la planicie árida para enfrentar a las fuerzas de Kadhafi equipadas con tanques y armas pesadas. El martes, ellos se anotaron un éxito apoderándose de un importante depósito de municiones en pleno desierto, 25 km al sur de Zenten. Una columna enviada al rescate por el régimen fue emboscada y tres de sus vehículos fueron destruidos, según los rebeldes.
La decisión francesa de armar a los insurgentes procede del mismo cálculo que el de introducir en acción a sus helicópteros en Misrata: dar un empujón con el fin de romper una situación de bloqueo. Sin embargo, la misma todavía no volcó el curso de la guerra. Pero el cálculo de los occidentales se apoya claramente en una salida más bien militar que diplomática. «Si los rebeldes alcanzan los accesos a Trípoli, la capital no dudará de levantarse contra Kadhafi, quiere creer un alto responsable francés. Los mercenarios del régimen no reciben su paga y están apenas alimentados, esencialmente hay una severa penuria, la población no puede más». En previsión de la «gran tarde», la OTAN bombardeó los miradores que rodean la fortaleza presidencial de Bab al-Aziziya, así como los centros de mando de la policía secreta y de los servicios de inteligencia.
Fuente: Philippe Gelie redactor jefe de Le Figaro 28.06.2011
Traducción propia.
La France a parachuté des armes aux rebelles libyens.
Bloqués depuis des mois à Misrata et sur le front de l'Est, à Brega, chassés par les forces de Kadhafi de la route côtière qui mène vers la Tunisie, à l'Ouest, les rebelles libyens ont en revanche progressé ces dernières semaines au sud de Tripoli, dans les montagnes du Djebel Nefousa. Ils le doivent à une action de la France restée secrète jusqu'ici: le parachutage d'armes «en quantité importante» aux tribus berbères de cette région entrées en guerre contre le régime. Selon Paris, ce front Sud constitue désormais l'un des meilleurs espoirs de la coalition occidentale pour «faire la jonction» avec les mouvements d'opposition encore dormants dans la capitale et provoquer un soulèvement de Tripoli contre le clan du dictateur.
Constatant, au début du mois de mai, le risque d'impasse militaire, la France a décidé de procéder directement à des parachutages d'armes dans le Djebel Nefousa: lance-roquettes, fusils d'assaut, mitrailleuses et surtout missiles antichars Milan. Jusque-là, les armes acheminées aux rebelles provenaient du Qatar et d'autres émirats du Golfe. Elles étaient convoyées par avion à Benghazi, siège du Conseil national de transition (CNT) à l'Est, puis par bateau jusqu'au port de Misrata, ville côtière prise en étau par les forces loyales au régime. Si l'armée française a décidé de s'impliquer sans intermédiaires - et sans la coopération de ses alliés, même britanniques - dans l'armement des rebelles au Sud, c'est «parce qu'il n'y avait aucune autre façon de procéder», confie une source haut placée. Notamment, les Français sont équipés d'un système unique de largage: amarrée à un petit parachute, la cargaison tombe exactement à l'endroit visé; à 200 m du sol, une plus grande toile se déploie pour amortir l'atterrissage.
Deux aérodromes de fortune.
Grâce à ces renforts en armement, les rebelles sont parvenus à sécuriser une vaste zone qui va de la frontière tunisienne jusqu'aux abords de Gharian, verrou stratégique à une soixantaine de kilomètres au sud de Tripoli. Le Figaro a pu consulter une carte estampillée «DGSE Confidentiel défense», qui montre les localités de Nalout, Tiji, al-Jawsh, Shakshuk et Yafran comme autant de conquêtes passées aux mains des forces insurgées. Dans ce territoire, les Berbères ont pu aménager deux pistes d'atterrissage de fortune, permettant à de petits appareils venus du Golfe arabique de prendre le relais des livraisons d'armes françaises.
Jusqu'ici, les rebelles du front Sud ont principalement progressé d'ouest en est, sur une ligne de crête qui leur donne l'avantage du terrain. Le moment décisif approche, lorsqu'il leur faudra descendre dans la plaine aride pour affronter les forces de Kadhafi équipées de chars et d'armes lourdes. Mardi, ils ont marqué un point en s'emparant d'un important dépôt de munitions en plein désert à 25 km au sud de Zenten. Une colonne envoyée à la rescousse par le régime a été prise en embuscade et trois de ses véhicules ont été détruits, selon les rebelles.
La décision française d'armer les insurgés procède du même calcul que celle de faire entrer en action ses hélicoptères à Misrata: donner un coup de pouce afin de sortir d'une situation bloquée. En elle-même, cependant, elle n'a pas encore renversé le cours de la guerre. Mais le calcul des Occidentaux repose clairement sur une issue plutôt militaire que diplomatique. «Si les rebelles parviennent jusqu'aux abords de Tripoli, la capitale ne manquera pas de se soulever contre Kadhafi, veut croire un haut responsable français. Les mercenaires du régime ne sont plus payés et à peine nourris, il y a une sévère pénurie d'essence, la population n'en peut plus». En prévision du «grand soir», l'Otan a bombardé les miradors qui entourent la forteresse présidentielle de Bab al-Aziziya, ainsi que les centres de commandement de la police secrète et des services de renseignement.
Par Philippe Gelie rédacteur en chef, Le Figaro 28/06/2011